Après une journée de nettoyage et de grattage, nous voilà au cœur de notre projet communautaire à Ouakam. Les stagiaires du Cégep et les jeunes sourds et muets de l’atelier Colombin ont beaucoup de plaisir à travailler ensemble à l’embellissement de la façade et de la cour intérieure de l’établissement. On a bien hâte de vous présenter le produit fini 🙂
La première Journée d’activité éducative (JAE) organisée par Roxanne et Lucia, nos deux artistes « en herbe », a été l’occasion pour le groupe Sénégal 2018 de découvrir de nombreux talents d’artistes sénégalais.
Logés dans un ancien village de travailleurs chinois, embauchés à l’époque pour construire le stade olympique de Dakar ( 1985 – Stade Léopol Sedar Senghor), une cinquantaine d’artistes, des peintres, des sculpteurs, des potiers et autres, y ont installés leur atelier de travail.
Cette visite riche en couleurs et en apprentissages a permis aux étudiants de découvrir différentes techniques de peintures et de discuter librement avec plusieurs artistes sur leurs motivations, leur formation et sur l’évolution de la place de l’art dans la culture sénégalaise.
Ce fut des moments de partage forts agréables.
Mission accomplie pour Lucia et Roxanne qui ont, à travers cette activité, donné à leurs camarades de nombreuses munitions pour compléter une partie de leur cartable ;-).
Hier, 7 septembre 2018, était notre première journée de congé où rien n’était au programme. Nous avons donc décidé de vider nos esprits très occupés par tous les changements qui nous habitait depuis plus d’une semaine. Nous avons organisé une journée sportive! Au programme, Soccer et Volley-ball avec les jeunes du centre communautaire Ayni desarrollo. Au passage, les enfants du quartier se sont rajoutés à notre plaisir et c’est durant la plus chaude et ensoleillée journée de la semaine que nous avons détendu nos esprits en ne pensant qu’à avoir beaucoup de plaisir.
Une journée mémorable où les liens se sont renforcés entre nous et la communauté.
Il n’était que 8h30 et déjà le soleil tapait fort. Nous nous sommes rencontrés à la Brioche Dorée, notre point de rencontre habituel, et nous sommes montés à bord du bus qui allait nous conduire jusqu’au désert de Lompoul, quatre heures plus tard. Après une pause pipisous l’oeil curieux des vaches, nous avons embarqué dans un camion sans toit, avec de petites banquettes de chaque côté. Nous avons roulé dans les dunes de sable pendant une dizaine de minutes avec la peur d’être éjecté du camion qui nous suivait avant d’arriver sur le site. Devant nous, une mer de sable qui semblait s’étendre à l’infini. Au travers des arbres se succédaient des files indiennes de tentes blanches, nos chambres pour la fin de semaine. À l’intérieur de celles-ci se dressaient deux lits installés sur un grand tapis qui donnait sur une salle de bain à ciel ouvert. Un petit coin de paradis.
Pour souligner notre arrivée, nous avons dégusté un bon jus de bissap, boisson sénégalaise absolument délicieuse et rafraichissante! Ce fut ensuite l’heure du déjeuner. Au menu : salade de légumes en entrée, puis yassa poulet et yogourt aux bananes comme dessert. Nous avions ensuite la fin de l’après-midi libre avant que nous partions faire un tour de dromadaire.
Il y en avait trois qui nous attendaient en grognant sur les dunes. Ils étaient énormes! Nous sommes montés deux par deux. J’étais assise derrière la bosse, sur un sac, alors que Raphaëlle eut la chance d’embarquer sur un petit banc installé sur le top de la bosse. J’étais très calme jusqu’au moment où, sans prévenir, mon dromadaire décide de se mettre debout. Ce n’est pas de ce qu’il y a de plus gracieux et de plus rassurant : il commence par étendre ses pattes arrières qui, disons-le, dont pratiquement deux fois ma taille, avant de lever ses pattes de devant. Bref, nous nous sommes fait brasser! Étrangement, malgré ses interminables pattes, le dromadaire se déplace plutôt lentement. Nous avons monté et descendu plusieurs dunes de sable pendant que le soleil montrait ses derniers rayons. C’était magique, une expérience complètement hors du commun! La descente ne fut pas plus rassurante que la montée puisque j’ai pratiquement été expulsé du dromadaire et faillit me retrouver les fesses dans le sable!
Lorsque le soleil eu totalement disparu, vint l’heure du diner. Déjà que nous avions été reçus comme des rois dans la matinée, on nous sert un gros poisson avec un accompagnement de crudités, précédé par une salade de crevettes. Pour terminer le repas, comme si cela n’était pas suffisant, on nous apporte une grande assiette de clémentines et de bananes.
Puis, comme si nous ne passions pas déjà des « vacances » de rêve, un gros feu est allumé et des musiciens se mettent à jouer des djembés (et autres instruments dont j’ignore malheureusement les noms), chanter et danser. C’était la fête! Nous avons chanté, crié, sauté, tourné, dansé jusqu’à en avoir trop chaud. Les uns après les autres, nous avons tous regagné nos tentes et sommes allés nous coucher.
Petit fun fact : Pierrette nous avait raconté que pendant la nuit, il faisait plutôt frais dans le désert et que nous allions même avoir besoin de nous couvrir… eh bien non! À notre (et surtout mon) plus grand désarroi, les tentes avaient gardé la chaleur de la journée et nous crevions tous sous nos moustiquaires.
Je me levai très tôt le lendemain matin puisque le soleil commençait déjà à réchauffer nos tentes. Les autres suivirent et nous primes le petit déjeuner tous ensemble. C’était reposant comme ambiance, pas un bruit de voiture, pas de cris des marchands, pas de bâtiments en béton, seulement le vent dans le sable.
La journée était consacrée à la mise au point de mi-séjour. Nous avons beaucoup parlé, de nos familles d’accueil, de notre travail, de la dynamique de groupe, des activités organisées, nous avons rempli un questionnaire. Vint ensuite le temps d’ouvrir nos lettres. Il y a de cela presqu’un an, soit le 22 novembre 2016, avant que nous sachions si on allait atterrir au Sénégal ou en Inde, nous nous sommes chacun écrit une lettre à nous même. Je ne sais pas ce que celles des autres racontaient, mais je crois que cela nous a tous fait du bien et nous a fait réaliser tout le chemin parcouru et les efforts que nous avions mis pour vivre cette expérience.
(de gauche à droite : Gabrielle, Anne-Solina, Bérénice, Raphaëlle, Maya et Sandrine)
Avant de prendre le dîner, nous nous sommes assis tous ensemble avec quelques autres visiteurs et nous avons fait une géante partie de loup-garou! L’heure de manger est finalement arrivée et comme la veille, on eut droit à un festin! Les djembés sont ressortis et nous eûmes autant de plaisir que la nuit précédente à nous immerger dans cette magnifique culture. Certains sont allés se coucher, d’autres ont continué à jouer au loup-garou à la belle étoile.
Le lendemain, nous nous sommes tous levés un peu à reculons. Nous étions si bien ici, mais c’était déjà le temps de dire au revoir à ce décor paradisiaque. Toutefois, nous ne pouvions pas quitter simplement, non non non! Un autre groupe de Québécois a décidé que ce serait drôle de voler notre camion pour sortir du désert alors que nous étions prêts et que nous attendions depuis plus d’une heure. Nous avons tous pogné un peu les nerfs et Mustafa, notre sauveur!, a négocié plutôt agressivement avec le responsable et le chauffeur du camion. Nous avons finalement « regagné » notre place et c’est ainsi que notre aventure dans le désert s’est terminée : dans la fatigue, la bonne humeur et la chaleur!
Il n’y eu pas place à la grasse matinée le samedi 7 octobre car nous devions nous rendre pour 9h chez Monsieur et Madame Camara, père et mère d’accueil de Raphaëlle et Bérénice. À l’horaire, visite de Village Pilote et, par la suite, du Lac Rose. Après deux heures de route et plusieurs arrêts, nous sommes finalement arrivés au premier site de visite.
Dès le début, nous avons été pris en charge par Cheikh, membre important de l’organisation de Village Pilote. En nous présentant l’organisme et son immense terrain, nous avons été une fois de plus sensibilisés au défi auquel la population de Dakar et nous-même faisons face tous les jours : les Talibés. Ce sont des enfants qui apprennent le Coran chez un maitre coranique dans des écoles appelées Daaras. Les enfants qui s’y trouvent viennent généralement des pays avoisinants et sont envoyés là-bas par leurs parents alors qu’ils sont encore en bas âges. Comme ces enfants sont logés et nourris par le maitre coranique, ces derniers passent la majorité de leurs journées à mendier dans les rues. S’ils ne remettent pas la somme exigée au maitre coranique, ils en subissent les sévices corporels. Face à cette pénible réalité, plusieurs fuguent et deviennent de réels enfants de la rue.
Village Pilote a donc mis sur pieds l’écoute mobile qui consiste à sensibiliser les jeunes sur leur réalité et à offrir des possibilités de s’en sortir. Ils offrent également l’opportunité à ces garçons de fréquenter l’emplacement, d’être logés et nourris en plus de recevoir une une formation en vue de d’une prochaine insertion sociale et professionnelle. Le site est composé d’une infirmerie, de dortoirs, d’une cuisine, et de plusieurs autres installations nécessaires au bon fonctionnement. Nous avons été invités à prendre le déjeuner avec les jeunes. Le cep bu jen, plat national du Sénégal, était délicieux. Le temps était ensuite venu pour nous de quitter la place et de se rendre au Café Bonaba, restaurant adjacent au Lac Rose.
Une aventure vers le Lac Rose ne serait pas digne d’en être une si notre autobus n’avait pas perdu une roue. Par chance, Cheikh nous escorta jusqu’au Café. Il fut donc nécéssaire de changer de bus et de rire un bon coup avant de poursuivre notre journée.
Nous sommes finalement parvenus au Lac Rose, où nous nous sommes détendus, avons profité de la vue et fait l’étonnante, mais agréable, rencontre de l’ambassadrice du Canada au Sénégal, Madame Lise Filiatrault, qui a pris quelques minutes pour nous souhaiter un bon séjour au pays. La visite s’est terminée par une baignade dans le lac pour certains et d’expérimenter la sensation de flotter sans efforts. De nombreux remerciements sont nécessaires afin de souligner cette journée plus que réussie. Merci à Monsieur Camara d’avoir fait les démarches pour trouver notre moyen de transport pour la journée. Merci également à Madame Camara de nous avoir accompagné tout au long de notre périple. Un merci particulier à Loïc Treguy, haut responsable de Village Pilote, d’avoir assuré notre prise en charge tout au long de cette petite aventure dont nous nous souviendrons longtemps.
Samedi, nous avons fait notre première sortie tous ensemble. Nous sommes allés visiter l’île de Gorée. La journée avait super bien commencé, jusqu’à ce que nous devions faire la « file » pour embarquer sur le traversier. Le seul problème : au Sénégal, les files ça n’existe pas! Tout le monde se pousse, se marche dessus, ça crie de partout. C’est tout simplement ridicule! Le groupe se fait séparer en deux et nous devons attendre une heure de plus avant de pouvoir prendre le traversier. Après quelques mines basses, nous finissons par tous arriver en même temps sur l’île. Nous avons instantanément le souffle coupé. Le paysage est tout simplement magnifique.
Un guide nous fait voyager dans le temps en nous racontant les histoires que renferment l’île. Nous serpentons dans les petits sentiers, rencontrant au passage de nombreux sourires et plusieurs petites oeuvres dissimulées dans la végétation. Nous sommes comme dans un magasin de jouets : nous ne savons plus où donner de la tête tellement il y’a de couleurs et d’objets à regarder.
Nous faisons le tour de l’île avant d’aller manger. Au menu : poulet grillé, yassa poulet ou mafe (personnellement, si vous avez à visiter le Sénégal, je vous conseille le mafe!) C’est tellement bon et en accompagnement on nous sert du jus de bouye et de bissap.
Après le déjeuner, nous partons finalement visiter la maison des esclaves, la dernière restante sur l’île. Je ne vous raconterai pas les histoires qu’ils ont partagé avec nous, ce n’est pas de ce qu’il y a de plus joyeux, je vous laisse imaginer. Certains ont versé des larmes, d’autres ont préféré garder le silence et quelques uns ont réussi à prendre des photos. C’était à la fois émouvant et enrichissant.
Ce fût ensuite la fin de cette magnifique journée. Nous en ressortons tous grandis, la tête remplie de souvenirs.
(de gauche à droite sur la photo : Bérénice, Raphaëlle)
Du point de vue d’un vegan occidental, la Tabaski peut avoir l’air d’une fête gratuitement violente. Il peut être difficile de s’ouvrir à l’autre culture et de tenter de comprendre les motivations des hommes et des femmes qui participent à cette fête. C’était mon défi personnel.
J’ai compris bien vite que la Tabaski était, pour les musulmans, une fête très importante. C’est un moment pour se rappeler le sacrifice du prophète Ibrahim, qui était sur le point d’immoler son unique fils pour prouver à Dieu qu’il était prêt à tout pour lui. Selon le Coran, au moment où le couteau d’Ibrahim allait égorger son fils, un ange l’arrêta. Un mouton est alors apparu près de l’autel de sacrifice et c’est finalement cet animal qui fut utiliser comme offrande. C’est pour cette raison que les musulmans sacrifient les moutons. C’est une manière pour eux de prouver leur fidélité et leur foi en Allah.
C’est donc avec cette information que j’arrive à la maison familiale, où l’immolation a déjà commencée. Bérénice m’aide à ne pas poser mon regard sur des choses que je nevoudrais pas voir. C’est difficile, avec 5 moutons étendus dans les différentes pièces de la maison. Nous nous installons dans le salon, où il n’y a pas une trace d’animal mort. Il est tout de même difficile d’écouter les bruits. C’est un défi de contrôler ma tristesse, je suis ouverte, mais mes valeurs sont ancrées en moi.
Le temps passe, le dépeçage est terminé et la viande se fait cuisiner (cela dure plus de 4h!) Nous goûtons finalement au travail des membres de notre famille adoptive. Je dois avouer que c’est la viande la plus fraîche que je pourrai manger de ma vie, et ça se sent et se goûte.
Bérénice vous racontera la fin de la journée mais pour ce qui est de ma part, c’est surtout avec la fierté d’avoir passé à travers ce que je considérais comme un vrai test d’adaptation que je m’endors ce soir-là. Je suis contente d’avoir pu assisté à cette célébration, qu’on pourrait comparer à notre Noël canadien! Je me rappelle que nous avons bien de la chance d’être ici et de se faire accueillir par la fameuse teranga sénégalaise!
Pour ma part, la fête ne s’est pas déroulée de la même façon. Nous partons de bonne heure, rejoindre la grande famille Camara à la maison familiale. Sur le chemin, nous voyons plusieurs moutons se faire tuer et il y a beaucoup de sang par terre. Raphaëlle tente tant bien que mal de ne pas regarder et de garder son sang-froid malgré l’énorme défi que cela représente pour elle.
À notre arrivée, la fête est déjà commencée et il y a une trentaine de personnes présentes. Il y a des carcasses de mouton un peu partout dans la maison. Une odeur de sang flotte dans l’air et on entend les bêlements des animaux encore vivants. J’assiste à l’égorgement de deux moutons et aux dépeçage de quelques uns avant de rejoindre Raphaëlle est les enfants dans le salon. Nous passons une grande majorité de la fête à discuter avec les frères de Monsieur Camara, notre « papa » sénégalais, des coutumes sénégalaises. Puis, nous entamons le premier service de mouton qui est énorme. Nous mangeons tous avec les mains dans une même assiette. Nous voilà rassasiées (surna comme on dirait en wolof) et on nous annonce que ce n’est que le premier plat d’un repas de trois services!
Pour aider à la digestion, ici nous buvons le ataya, qui est un petit thé à la menthe et au sucre, après chaque repas. Nous restons donc assise à discuter avec l’aîné des Camara pendant qu’il prépare le ataya. Nous restons ainsi plus d’une heure et demi avant d’enfin pouvoir boire le thé. Il faut être extrêmement patient ici parce que tout se fait très lentement. Nous finissons la soirée en mangeant encore et encore, jusqu’à ce que Monsieur Camara nous ramène à la maison. Avant d’aller dormir, nous mangeons de la salade de fruits et du gâteau, histoire d’être sur le point d’exploser tellement on a mangé. Nous nous couchons par la suite, la tête remplie de couleurs et de souvenirs.